Pétrole: crise mondiale et implications locale

Un baril à 111$ et combien demain? Le prix de l'essence n'en finit plus de monter. Les conséquences de l'envolée des cours mondiaux du brut dépassent pourtant le simple cadre de la facture énergétique des Français. De la vulnérabilité des pays africains au retour en grâce du charbon, quatre conséquences directes de cette flambée de l'or noire.

Afrique: une vulnérabilité accrue par la flambée des cours 

Si les occidentaux grognent sur les prix à la pompe, la flambée du pétrole n'affectent pas moins les pays en développement. En un an, le cours s'est apprécié de 78%, une augmentation qui se fait sentir de manière différente qu'on soit à Paris ou à Dakar.

La hausse des prix touche les pays les plus pauvres et, dans ces pays, elle touche les catégories les plus défavorisées. Des fonds de compensations sont mis en place mais ils sont très couteux pour les finances publiques. Et une grande partie des subventions profite d'abord aux catégories sociales consommatrices d'énergie, c'est-à-dire les plus riches. Selon l'Agence internationale de l'énergie, l'envolée du baril a coûté plus cher à 13 pays d'Afrique que ce que l'annulation de leur dette leur avaient fait gagner.

Fioul, gaz et plastiques: répercution à moyen terme pour les ménages 

La progression vertigineuse du brut devrait entrainer une hausse de 15 à 20% du prix des produits dans les six prochains mois. Ces hausses sont récurrentes depuis trois ans: + 50% pour le polypropylène ou + 100% pour le polystyrène. Elles se répercutent sur les pièces automobiles, l'électroménager, les ustensiles de cuisine... Une partie de la hausse est absorbée par les marges, l'autre est petit à petit répercutée sur les prix.

Côté fioul domestique, la facture commence aussi à peser très lourd dans le budget des ménages. Utilisé par près de 11 millions de Français, son prix a plus que doublé en quatre ans. Enfin, les tarifs du gaz étant indexés sur le pétrole, ils devraient être réévalués le 1er avril prochain, après les élections municipales.Gaz de France prévoit de fortes augmentations.

Charbon: retour d'un vétéran de la préhistoire industrielle 

Le charbon connaît un retour en grâce un peu partout dans le monde. La plupart des économies développées retrouvent les vertus d’une énergie moins dangereuse, grâce aux gisements à ciel ouvert et aux technologies modernes, et surtout meilleur marché que le pétrole, le gaz ou l’uranium. Le combustible a l'avantage d'être disponible en quantités gigantesques à travers la planète. Contrairement au pétrole, les réserves semblent inépuisables, 850 milliards de tonnes, soit 147 années au rythme d'extraction actuel, selon le Coal Institute.

Son coût de transport, qui peut représenter entre 70 et 80% de son coût final pour l’utilisateur, reste encore un lourd handicap. D’où l’idée de rapprocher le lieu d’extraction du minerai de celui de son utilisation. La réouverture de mines en Europe se comprend également ainsi. En outre, la crainte du nucléaire et l’épuisement à l’horizon 2030 du gaz en mer du Nord poussent à trouver d’autres sources d’énergie.

Transport aérien: la facture s'alourdit pour les transporteurs et les voyageurs 

L’envolée des prix du baril de pétrole pèse sur les résultats des compagnies aériennes, d'où une répercussion sur le coût du billet. La hausse varie en fonction de la compagnie aérienne, si le voyage se déroule sur un vol régulier, en charter ou en vol spécial... En moyenne, chaque augmentation est de 25 à 30 € pour un vol moyen-courrier (autour de trois heures de vol) et de 50 à 80 € pour un long-courrier.

Si, d'ici à un mois, le prix du pétrole ne descend pas en dessous de 105 dollars, il faudra envisager une nouvelle hausse. Les agents de voyages déplorent ces augmentations à répétition auxquelles ils ne peuvent échapper et qu'ils doivent répercuter sur leurs clients. Des usagers qui ne peuvent que subir.

Source: http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=468281